Le présent mémorandum est le résumé des propositions rédigées par le Prof. Dr. ir. William D’haeseleer, président du Comité d’accompagnement « Energieproject 75 jaar KVIV », à la demande du Conseil d’Administration de la KVIV, et en collaboration avec les membres du Comité d’accompagnement dans le cadre de l’organisation du 3ème ‘Energy Forum’ du 16-12-2008. Cette prise de position agrée les différentes instances représentant l’ensemble des ingénieurs belges, toutes formations confondues, et représentés par le CIBIC (Comité des Ingénieurs Belges, Belgisch Ingenieurscomité) qui soutient l’enquête-énergie initiée par la KVIV dans le cadre de leur projet
La problématique de l’énergie constitue une matière complexe impliquant des interactions entre technique, (géo-) politique, écologie et économie. Elle doit donc être abordée selon une approche interdisciplinaire, la technique restant toutefois le passage obligé et un « goulet d’étranglement » dans l’approvisionnement énergétique durable. Le problème se situe moins au niveau du risque d’un manque physique d’énergie que dans le développement et la mise en oeuvre des technologies nécessaires à un approvisionnement fiable, propre et accessible au plus grand nombre.
Pour la mise en place d’une politique énergétique solide, la KVIV, et avec elle les autres associations belges d’ingénieurs, souhaitent souligner en particulier les éléments spécifiques suivants :
1.- Le rôle des pouvoirs publics sur le marché de l’énergie
1.1 Les pouvoirs publics veillent à l’intérêt général et doivent accompagner et superviser le marché de l’énergie en ce sens. Lorsque cette action se traduit par des lois, des décrets et des arrêtés d’exécution, il convient que ceux-ci forment un tout cohérent et univoque. Une réglementation obscure, touffue et incohérente ne va dans l’intérêt de personne.
1.2 Les mesures ad hoc et les brusques changements de cap sont néfastes pour tous les acteurs économiques. Une économie et un approvisionnement énergétique solides requièrent une vision à long terme durable et cohérente.
1.3 La politique énergétique doit s’appuyer sur les résultats d’une analyse coûts-avantages globale, intégrant tous les coûts externes (tels que coûts environnementaux et coûts masqués).
1.4 Idéalement, la traduction concrète de l’analyse coûts-avantages de l’approvisionnement énergétique devrait soit intégrer les coûts externes dans le prix de l’énergie, soit tenir compte de contraintes fondées et réalistes ainsi que de normes en matière d’émissions et de déchets appropriées d’un point de vue environnemental et économique. Cette démarche doit rester prudente, de façon à ne pas mettre en péril notre position concurrentielle.
2.- Économies d’énergie et utilisation rationnelle de l’énergie
2.1 Il convient de faire un usage réfléchi et économe de l’énergie. Même en maintenant le niveau de confort souhaité, le recours à des technologies moins énergétivores peut donner lieu à des économies significatives d’énergie primaire.
2.2 L’utilisation rationnelle de l’énergie doit être stimulée dans tous les secteurs : grandes entreprises industrielles, PME, secteur des services et secteur résidentiel. Toutefois, l’application de nouvelles technologies à grande échelle demande un temps d’assimilation, pénétration et diffusion. A court terme, il est illusoire de s’attendre à des «résultats miracles».
3.- Transport, mobilité et énergie
3.1 En raison de la demande croissante de mobilité, la réalisation d’économies d’énergie dans le secteur des transports est une tâche ardue. La clé réside sans doute dans une réorientation des options de mobilité, tant pour le transport de personnes que pour le transport de marchandises.
3.2 L’objectif ou même rêve ultime du secteur des transports est la voiture électrique fonctionnant à l’hydrogène. Il est certain que la réalisation de ce rêve demandera encore beaucoup d’efforts, et on ne peut garantir qu’il devienne un jour réalité.
4.- Énergie renouvelable et cogénération
4.1 Les énergies renouvelables et la cogénération sont susceptibles d’apporter une contribution intéressante et positive à l’approvisionnement énergétique. Ici encore, une analyse coûts-avantages permettra d’évaluer, en connaissance de causes, l’intérêt d’obligations de production électrique locale. Les deux pistes ont leurs mérites, mais leur introduction généralisée « à coups de slogans » conduit à un gaspillage de moyens.
4.2 L’énergie éolienne off-shore peut être utile, mais nécessite un processus d’apprentissage sérieux et une évaluation correcte des coûts.
5.-Sources d’énergie primaire et sécurité d’approvisionnement
5.1 Un approvisionnement énergétique fiable repose sur un éventail équilibré des sources primaires et notamment des divers combustibles. Il ne faut jamais mettre tous ses oeufs dans le même panier.
5.2 Le parlement dispose d’un droit formel d’intervention dans la composition du panier de combustibles disponibles. Toutefois, des choix purement politiques pourraient mettre en péril la stabilité de l’approvisionnement énergétique. Les associations d’ingénieurs sont d’avis que les conséquences de la sortie du nucléaire ont fait l’objet d’une évaluation insuffisante.
5.3 Il convient cependant d’éviter les interventions directes de la part des pouvoirs publics. Si ces derniers doivent poser les exigences en matière de sources d’énergie et de technologies énergétiques (p.ex. pour ce qui concerne leur respect de l’environnement et leur fiabilité), le marché doit disposer de la liberté nécessaire pour mettre en oeuvre ces exigences de façon efficace.
6.- Le marché libéralisé de l’électricité et du gaz
6.1 Sans règles claires et sans bon sens, le défi de la libéralisation des marchés de production et distribution de l’électricité et du gaz ne peut être relevé avec des chances raisonnables de succès. Le cadre libéralisé doit générer des incitants suffisants pour les investissements en capacité de production, en lignes de transport et en gazoducs. Sans cela, la libéralisation restera lettre morte et la sécurité d’approvisionnement sera menacée.
7.- Recherche et développement
7.1 La concrétisation de technologies de conversion efficaces nécessite des efforts ciblés de R&D. L’exclusion ‘a priori’ de certaines technologies est indéfendable; les priorités de la recherche doivent se fonder sur des analyses coûts-avantages prospectives (et globales). Une attention suffisante devra également aller à l’intégration des différentes composantes dans un système harmonieux.
7.2 Il faut procéder en Belgique à une étude globale, cohérente et complète des besoins et des sources d’énergie. Cette étude devra aborder les aspects tant non électriques qu’électriques ainsi que la libéralisation de tous les vecteurs énergétiques. Après vérification des résultats, cette étude pourra former la base de la politique énergétique future de la Belgique.
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SONDAGE
Les quatre associations d’ingénieurs, réunies dans le CIBIC (Comité des Ingénieurs Belges, Belgisch Ingenieurscomité) se considèrent comme des partenaires importants dans le large débat consacré à la problématique énergétique. En répondant à l’enquête présentée en annexe, vous aiderez à formuler le point de vue des ingénieurs en la matière de façon pertinente et nuancée. Vous contribuez ainsi à ce que, via un canal réellement représentatif, l’avis des ingénieurs soit pris en compte dans ce débat.
Etant donné l’importance de ce sujet pour la société, cette enquête est envoyée à tous les ingénieurs de Belgique dont les adresses sont disponibles via les universités, les hautes écoles et les associations de diplômés. Le CIBIC soutient pleinement cette initiative prise par la Koninklijke Vlaamse Ingenieursvereniging dans le cadre de son « Projet Energie – 75 ans KVIV ». L’enquête fait par ailleurs écho aux conclusions du troisième forum sur l’énergie qui a eu lieu le 16 décembre 2008. Ce Forum lancé par l’Institut Technologique asbl fut supporté en commun par les 4 associations belges d’ingénieurs KVIV, FABI, UFIIB et VIK, réunies au sein du CIBIC et bénéficia du soutien de la Fédération des Entreprises de Belgique FEB.
Cette enquête s’inscrit dans la vision globale des associations d’ingénieurs, dont un des objectifs est de souligner plus clairement le rôle de l’ingénieur dans la société. Votre participation nous aidera certainement à réaliser cet objectif.
Vous trouvez en annexe un résumé de la prise de position formulée par le professeur Dr. Ir. William D’haeszeleer sur l’approvisionnement énergétique en Belgique. Nous vous demandons de lire ce mémorandum avant de répondre à l’enquête.
Vous pouvez ensuite démarrer l’enquête en cliquant sur le lien suivant ; http://energyforum.icms.be.